Edito de Roland BETHILIER, Président de L’ESPER, paru dans la Newsletter de L’ESPER n°9 – Mai 2016.
Notre action collective doit toujours s’inscrire dans un contexte, un climat social et politique notamment. Ce contexte, c’est celui de mouvements sociaux dont la radicalité dialogue trop souvent avec la violence de l’absence de réponse politique leur faisant face. C’est également celui d’une extrême droite autrichienne révisionniste, passéiste et xénophobe échouant face à un front républicain, mais pour combien de temps encore ?
Ce contexte n’est que la partie émergée de fractures qui divisent profondément notre société, en France comme ailleurs en Europe. A l’absence de dialogue succède une absence de possibilité de dialogue, tant les citoyens n’entendent plus le discours de leurs dirigeants, que dis-je, ne le croient plus et ne veulent plus l’entendre, tant deux mondes parlent deux langages différents. Ce sont les conditions mêmes du vive-ensemble qui sont aujourd’hui interrogées.
Nous voilà donc face à un temps charnière pour enseigner aux enfants le sens du collectif, de la solidarité, de l’engagement, mais également le sens critique et un regard que nous souhaitons ardemment avisé sur le monde qui les entoure. Autant de valeurs qui donnent corps à la démocratie.
De tout cela, nous sommes, chacunes et chacuns, individuellement comme collectivement, les garants. Il est certes important de répondre par des discours, mais il est plus que jamais indispensable de porter des projets. Le plus petit projet éducatif, même restreint à quelques enfants, localisé, sera pour nous une victoire dans la transmission de l’ESS, de ses valeurs et de la devise républicaine.
Depuis quelques mois, nous fédérons autour du projet « Mon Entreprise Sociale et Solidaire à l’Ecole », ouvert à tous les enseignants désireux de faire vivre et expérimenter concrètement l’ESS par les jeunes et pour les jeunes. Nous y voilà. Le projet aborde son premier tournant, le livret pédagogique sortira à la mi-juin pour une expérience démarrant dès septembre 2016 avec les équipes éducatives volontaires. Notre « appel à expérimentation » est ouvert à tous. Je vous invite à le partager, le relayer, pour faire de cette expérimentation une réussite collective.
Le temps que nous traversons paraît particulièrement approprié pour l’innovation pédagogique, l’engagement de terrain, auprès et pour les élèves. Nos projets contribuent à préparer l’avenir de nos enfants, à préparer demain.
« Pour nous dans la tradition française, il était bien évident qu’exercer son jugement, apprendre à réfléchir, essayer d’argumenter, construire une position rationnelle, ce n’est pas simplement de l’instruction, c’est de l’éducation. Nous n’avons jamais renoncé à vouloir éduquer en instruisant. » Vincent PEILLON, Conférence pour la refondation de l’Ecole, 2 mai 2016.
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