Dans le cadre de la 5ème édition de la “Semaine de l’ESS à l’Ecole”, nous avons posé quelques questions à des enseignant.e.s engagé.e.s aux côtés de leurs élèves dans un projet “Mon ESS à l’Ecole”au collège Félix Buhot à Valognes (50).
Quel est le cadre de réalisation de ce projet ?
Ce projet s’inscrit dans la continuité d’un EPI (Enseignement Pratique Interdisciplinaire) Lettres/Anglais auprès des élèves de troisième, existant depuis des années autour de la thématique « Défendre ses idées » : il s’agit de donner du sens à cette notion d’engagement autour d’un projet collaboratif inscrit dans une réalité géographique locale (Cherbourg).
Il fait suite également à l’EPI « Migrations » initié l’an dernier auprès d’une classe de quatrième (4C) et s’inscrit dans le PEAC (Parcours d’éducation culturelle et artistique) d’établissement autour du thème des « Métissages ». Il pourra être choisi par les élèves concernés (classes de 3B, 3D et 3E) dans le cadre des parcours : PEAC, Parcours citoyen et Parcours Avenir.
Quels sont ses objectifs ?
• Réunir un groupe d’élèves autour d’un projet collaboratif, valoriser le collectif, l’engagement, l’esprit d’initiative, les valeurs de solidarité, de fraternité et d’égalité, dans le cadre d’une pédagogie active,
• Développer des compétences civiques : former des citoyens et donner une réalité à la notion d’engagement.
• Développer la connaissance du monde et de l’autre, « l’autre, le différent, le même » (dans la suite du travail effectué en 4ème autour de la notion de métissage. Renforcer la connaissance de son territoire.
• Découvrir et appliquer les grands principes de l’Economie Sociale et Solidaire.
• Développer des compétences de coopération autour de la gestion d’une entreprise sociale et solidaire et expérimenter un fonctionnement démocratique
Quelles sont les différentes étapes du projet ?
Phase 0 : Autour des expositions « Cartooning for Peace « et « Tous migrants »Un premier temps sera consacré à un travail sur ce qu’est la caricature, sa double visée (faire rire/sourire et faire réfléchir) en s’appuyant des illustrations de « Cartooning for Peace » en Lettres et sur le travail de Banksy en anglais.
Il s’agira d’introduire la notion d’engagement, de développer l’esprit critique et les compétences citoyennes, en plus de nous donner le temps de préciser et de préparer le cadre du projet s’inscrivant dans le dispositif « Mon ESS à l’école ».
Phase 1 :
• Rencontrer des membres du dispositif « Mon ESS à l’école » (ESPER) autour de : « Qu’est ce qu’une Entreprise Solidaire et Sociale ? » / En quoi la structure de l’ESS peut-elle vous/nous permettre de nous engager ? Sous quelles formes ? (Exposition et interventions autour de l’ESS)
• Comment l’économie solidaire peut-elle se mettre au service du projet : rencontre avec le correspondant régional de l’ESS, expositions (ESPER) dans le collège….
• Rencontre d’associations d’aide aux migrants pour donner une réalité au projet : comment, concrètement, pouvons-nous nous engager ?
• « Brainstorming » avec les classes, propositions des élèves sur les moyens de manifester leur engagement sur la question des conditions d’accueil des migrants = faire émerger des besoins et les projets qui pourraient y répondre. L’objectif ici est de partir des propositions et des initiatives des élèves. À noter que la création d’un outil sous la forme d’un « guide de débrouillardise » à l’attention des migrants, se voulant très pratique, au plus près des besoins immédiats, prenant en compte la réalité du territoire de Cherbourg et des environs, rédigé en trois langues français/anglais/une troisième langue selon les besoins, serait un exemple -et seulement un exemple- parmi d’autres.
Selon les propositions des élèves, un autre axe de travail pourrait porter non pas sur la production d’outils à destination des migrants, mais sur l’échange, le recueil de paroles, la mise en lumière de parcours…
Phase 2 :
• Mise en place des instances de l’ESS pour que les décisions soient prises démocratiquement.
• Définition des différents comités (définition des statuts, relation avec les instances, communication avec le public ciblé, relations avec la presse, recherches de financement…) dans les groupes ; dans chaque groupe d’élèves, demander qu’il soit désigné un responsable, un rapporteur qui doit rendre compte à l’adulte de l’avancée du projet ; chaque comité doit cibler des actions précises
• Rencontre avec les partenaires ESS et les représentants d’association pour réajuster le projet, en fonction de l’avancement des travaux.
• Création d’une association gérée par les élèves (élections des membres du Conseil d’administration, élection des membres du bureau)
Le fonctionnement retenu est le suivant : 4 élus par classe, 2 dans chaque demi-groupe qui se réuniront tous les 15 jours. Dans chaque demi groupe, 3 commissions qui travaillent sur les trois axes : communication, financement, production. Un CA de 12 membres qui se réunit le premier et le 3ème jeudi du mois et qui élit un président, 1 secrétaire, 1 trésorier et 3 vice-présidents.
Lors de la première réunion du bureau, à la suite des propositions des élèves le nom retenu pour l’association a été MIGR’ENSEMBLE :
• Préparation du dossier du projet à présenter à d’éventuels partenaires et/ou financeurs.
• Définir la nature des dépenses de manière à construire un budget prévisionnel
• Production et promotion de l’objet fini, en coopération avec des associations et des migrants installés depuis quelques années.
Phase 3 : valorisation du travail dans le cadre de l’ESS
Cette valorisation pourrait prendre la forme d’une présentation aux équipes pédagogiques et aux parents des actions menées, lors de « La Semaine de l’ESS à l’école » (donner de la lisibilité au dispositif, permettre des échanges autour de cette action, mais aussi diffuser des valeurs humanistes à l’ensemble des membres du collège, élèves et équipes) et en fin d’année.
Quelle lisibilité du projet dans le collège ?
Il faut distinguer deux temporalités : le projet lui-même qui se développera sur l’année entière et s’intégrera dans le dispositif « Mon ESS à l’école » et une action plus ponctuelle dans le cadre du dispositif « La Semaine de l’ESS à l’école » et qui pourra intégrer d’autres classes et d’autres enseignants autour de cette thématique « S’engager ».
Plusieurs actions ponctuelles vont être menées :
– exposition au CDI des caricatures faites par les élèves de 3A et 3C, « Ma caricature » en prenant appui sur le travail réalisé en français autour des expositions « Cartooning for Peace » et « Tous migrants »,
– exposition autour de l’ESS (affiches) avec questionnaire
– la naissance de MIGR’ENSEMBLE
– exposition des travaux des élèves de 4ème :
-> exposition de UNES réalisées dans le cadre de l’EPI « Migrations » en français et en anglais autour du thème des migrants (chaque une comportera un article en anglais consacré à une caricature de l’expo)
-> exposition de lettres rédigées par les élèves, se mettant à la place d’un migrant du début du XXème siècle quittant l’Europe pour les Etats-Unis et passant par Ellis Island
– exposition des projets de graffitis réalisés par les élèves de 3D en anglais
Quelles difficultés et richesses rencontrez-vous ?
- La gestion des trois classes (3 structures et projets distincts ? Une gestion commune ?
- La nécessité d’être réactifs et très adaptables puisqu’il s’agit de partir des propositions des élèves (à ce titre, les exemples proposés ne sont que des exemples qui ne seront pas proposés aux élèves) après connaissance des réalités et des besoins