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Retour sur la participation de L’ESPER à la table ronde du Gsef « Jeunesse, éducation populaire et ESS : une alliance pour la transition »

Trois questions ont été posées lors de cette table ronde, auxquelles participaient Damien Baldin (La France s’engage), Hervé Paugam (Léo Lagrange), Sandra Abreu (Lilimino) et Sylvie Emsellem (L’ESPER).

La première question : Qu’entendez-vous par transition éducative ? Quelles évolutions pédagogiques nécessaires pour permettre aux jeunes de devenir des acteurs positifs de la construction du monde de demain, en proie à des enjeux environnementaux, sociaux, économiques, politiques majeurs ?

Sylvie EMSELLEM indique que les évolutions pédagogiques nécessaires pour permettre aux enfants de devenir des acteurs du monde de demain est avant tout de partager un véritable projet politique éducatif qui est l’émancipation, comme le projet associatif de L’ESPER : S’émanciper collectivement via les actions d’éducation à et par L’ESS.

Mais que signifie s’émanciper ?

  • L’émancipation d’un individu est favorisée lorsqu’il construit collectivement un savoir, basé sur le dialogue et la pratique.
  • S’émanciper c’est appréhender le monde par un processus collectif, pratique incorporant différentes formes de savoirs : la conscience, la sensibilité, le désir, la volonté, le corps… pour le critiquer
  • L’émancipation n’est pas seulement une conscientisation des sujets mais suppose la mise en place d’actions pour transformer le monde dans lequel il vit. Autrement dit, l’émancipation renvoie au pouvoir d’agir.

La deuxième question : Ces pratiques éducatives très ESS ne s’inscrivent pas dans le modèle éducatif dominant, en quoi s’en distinguent-elles ?

De manière synthétique, Sylvie EMSELLEM met en évidence en quoi les projets « Mon ESS à l’Ecole » se distinguent du modèle éducatif dominant.

Ayant mené des entretiens auprès d’élèves ayant participé à un projet « Mon ESS à l’Ecole », ils et elles affirment que c’est un apprentissage collectif, pratique et horizontal.

L’apprentissage des connaissances se fait par la pratique, pas du tout de manière abstraite et descendante. Cet apprentissage collectif est agréable et favorise leur autonomie.

Ils ont acquis un savoir qui s’est construit collectivement par l’entraide :

  • Une entraide entre pairs, qui facilite la transmission des savoirs par une pédagogie adaptée.
  • Une entraide avec des élèves d’âges et d’expériences différents, contrairement à la classe habituelle. Cette mixité de profils peut favoriser un mouvement dans les places et les positions attribuées, qui peut permettre « donc de renoncer, au moins partiellement, à s’identifier à une image figée de soi-même » et favoriser la possibilité de s’émanciper.
  • Une entraide caractérisée entre les adultes (professeur et bénévoles) et les élèves a été maintes fois exprimée par les élèves. Une relation qui est modifiée avec le professeur que l’on ne vouvoie plus et sa plus grande disponibilité qu’en classe, du fait d’un nombre moins important d’élèves qu’en classe.

Une posture des enseignants différente, mais des figures d’autorité garants du cadre, qui soutiennent les élèves tout en leur laissant une marge d’autonomie importante. Le rapport du cadre n’est pas un moyen d’obtenir de la conformisation, elle est au service de la réflexivité.

Ces formes de projets favorisent le dialogue dans une ambiance agréable : Une ambiance agréable comparée à des actes violents dans l’établissement, une ambiance tendue.

Les projets « Mon ESS à l’Ecole » permettent à ces jeunes élèves d’éprouver une liberté, le plaisir de découvrir et une modification de leur manière d’appréhender le monde :

  • La liberté de participer, de penser et de se mouvoir

Dans certains projets, la liberté est donnée aux élèves de s’inscrire au projet. Une fois inscrits, les élèves sont également libres de ne pas participer tout le temps (même s’il est formulé qu’une rigueur dans l’engagement est demandée).

  • Une liberté de penser et d’expression qui est unanimement exprimée par les élèves, qui contraste avec son absence relative en classe. S’autoriser à penser, donner des idées, mais aussi se « libérer la tête » sont permis par un cadre où le comportement n’est pas régi par une évaluation, des connaissances préalables, la pression de la bonne réponse.

L’assignation en classe versus la liberté de se mouvoir dans le cadre des projets « Mon ESS à l’Ecole ». Ils décrivent finalement une institution – ici l’école – qui surveille et contrôle, où les projets « Mon ESS à l’École » constitueraient une échappatoire, une soupape.

La troisième question : Qu’est-ce qui empêche cette alliance aujourd’hui ? Comment rompre les silos etc. ?

Les politiques publiques et leur fonctionnement rend difficile les alliances. A titre d’exemple, dans son plaidoyer L’ESPER préconise prioritairement d’intégrer l’ESS dans les programmes scolaires au collège et au lycée. A minima, pour tous les niveaux, dans le cadre de l’éducation morale et civile (EMC), en sciences économiques et sociale (SES) en lycée général et en économie de gestion, en lycée professionnel et technologique (pour toutes les filières). Cette intégration de l’ESS dans les programmes scolaires valorisera certes l’ESS comme modèle économique, de gestion des organisations mais aussi comme un modèle de société.

La dernière question : Quels sont les bénéfices individuels et sociétaux de la transition éducative dont nous parlons ?

Selon Sylvie EMSELLEM résume les bénéfices individuels :

En agissant au sein du projet, les élèves prenant conscience des enjeux écologiques et de leur pouvoir d’agir dans leur environnement. Grâce à leur implication concrète dans le projet, les élèves éprouvent leur pouvoir d’agir. Ils sont plusieurs à avoir pensé avant le projet que des élèves ne pouvaient faire autant à leur âge.

Pendant le projet, ils transforment le monde autour d’eux, par une action collective, qui développe chez les élèves le goût, la compréhension et la capacité de travailler en groupe. Ils appréhendent ainsi leur capacité d’action en rapport avec le collectif qu’ils forment et le collectif au sens large qu’est la société. Ils ont conscience de la modestie de leurs actions, semblent avoir perçu, à différents degrés, ce que permettait le fait d’agir collectivement, et gardent espoir que leurs actions soient vraiment utiles et qu’elles soient démultipliées.

Cependant, si nous prenons la conception développée par Freire de la conscientisation qui « consiste à prendre conscience du caractère non pas simplement interpersonnel des oppressions, mais de leur caractère social, structurel. », on ne peut pas dire que la participation à « Mon ESS à l’Ecole » la permette jusqu’à ce stade.

Selon la Déléguée nationale, les bénéfices sociétaux peuvent être la lutte contre le fascisme :

Le fascisme est un mouvement politique s’appuyant :

  • Sur un pouvoir fort auquel s’oppose ce que nous prônons par l’ESS à savoir la coopération, le collectif
  • L’exaltation du sentiment nationaliste, alors que l’ESS prône la pluralité des apports, des points de vue et des analyses
  • Le rejet des institutions démocratiques alors que le modèle de l’ESS est de le faire exister pour prendre en compte la parole chacune.e
  • La répression de l’opposition et des étrangers et une société civile sous contrôle versus le pouvoir d’agir de la société civile proche des besoins ayant des compétences du fait de leurs expériences et itinéraires. 

Autrement dit, œuvrer pour l’émancipation collective via un projet éducatif est selon moi une armer de combat du fascisme.



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