Solidarité Laïque et L’Autonome de Solidarité Laïque sont partenaires depuis près de 65 ans. Entretien avec Anne-Marie Harster, Présidente de Solidarité Laïque, et Vincent Bouba, Président de L’ASL pour mieux comprendre ce qui les unit.
Pourquoi un partenariat a-t-il été noué entre Solidarité Laïque et L’ASL ?
Anne-Marie Harster : L’ASL fait partie des membres de Solidarité Laïque depuis ses origines et forme, avec les 47 autres membres de l’organisation, une communauté d’acteurs qui partage des valeurs communes, celles de la République. Elle s’inscrit donc dans une dynamique collective qui agit au quotidien pour l’avènement de ces valeurs. Ce qui lie L’ASL et les autres membres de Solidarité Laïque, tous impliqués dans l’économie sociale et solidaire, c’est une volonté, qui se traduit par différentes actions, de faire en sorte que notre société devienne plus juste et plus solidaire. En accompagnant notamment les enseignants au quotidien et en développant des outils pédagogiques auxquels ils peuvent se référer comme le livret Stop aux idées reçues sur les enfants et les personnes migrantes ou encore En finir avec les idées fausses sur la laïcité, nous luttons contre les stéréotypes, nous aidons les valeurs de la République à se diffuser et favorisons également dans l’ensemble de nos programmes à l’international l’accès à une éducation de qualité pour tous.
Vincent Bouba : Avec Solidarité Laïque, nous avons une vision partagée d’un monde plus solidaire, plus fraternel, plus juste. En effet, la solidarité, l’entraide et l’émancipation des individus sont au cœur de nos actions. Elles font partie de nos valeurs fondatrices. Elles sont les maitres-mots de notre engagement et de notre travail militant, engagé et bénévole auprès des métiers de l’éducation. Par notre action quotidienne au sein de l’École et au sein d’organisations telles que Solidarité Laïque, la volonté de L’ASL est de contribuer à une action éducative sereine à l’abri des dysfonctionnements relationnels ou des incompréhensions entre les différents acteurs de la communauté éducative. En accompagnant et en protégeant les personnels, nous protégeons aussi les élèves, futurs citoyens de demain. Notre objectif commun est d’agir sur la société afin que celle-ci soit plus apaisée et qu’elle favorise toujours davantage le faire et le vivre-ensemble. Cela passe également par un relai des actions de Solidarité Laïque afin de mieux les faire connaître auprès de nos adhérents, de les relayer auprès du grand public et de diffuser ces valeurs qui nous unissent et nous définissent.
Plus personnellement, j’ai découvert Solidarité Laïque et ses actions lorsque j’étais encore enseignant, en classe, au travers de l’opération « Un cahier, un crayon » (appelée désormais « Rentrée solidaire »), une initiative destinée à la collecte de fournitures pour les élèves de pays où intervient Solidarité Laïque afin de favoriser de meilleures conditions d’apprentissage. Depuis, j’ai toujours été très sensible à ses actions et n’ai cessé de les promouvoir.
Solidarité Laïque agit sur le champ de l’éducation à la citoyenneté. Quels sont les liens avec L’ASL ?
Anne-Marie Harster : De nombreuses actions de Solidarité Laïque participent à l’éducation à la citoyenneté. En luttant, par exemple, contre les inégalités et les exclusions, notre volonté est de contribuer à ce que chaque enfant ait sa chance de s’émanciper avec un accès à une éducation de qualité qui lui permettra de prendre toute sa place dans la vie citoyenne et économique. C’est d’ailleurs en ce sens que nous avons travaillé au Bénin sur un projet qui forme les jeunes femmes à l’entrepreneuriat afin qu’elles puissent conquérir leur indépendance. La question du vivre-ensemble est aussi un enjeu essentiel que nous partageons avec L’ASL. Tous nos programmes, en France et à l’international, visent à mettre en œuvre le droit à la citoyenneté avec une approche laïque. Notre programme « Jeunes des 2 Rives » a pour ambition de permettre à des publics des deux côtés de la Méditerranée d’interagir, d’échanger sur la manière de faire, de penser. L’objectif est bien de favoriser la compréhension de l’autre et donc le vivre-ensemble.
Quels sont les grands défis en 2022 pour vos deux organisations ?
Anne-Marie Harster : Le grand défi pour cette année à venir, et ce, pour l’ensemble des organisations de Solidarité Laïque, c’est la lutte contre le repli sur soi. Il est nécessaire de continuer de se mobiliser pour que chacun soit respecté, quels que soient son origine, sa condition sociale ou son genre. Aujourd’hui, notre société est bousculée par les crises et nous avons du mal à retrouver une boussole commune. Nous devons donc continuer à favoriser des dynamiques d’innovation sociale comme nous avons pu déjà le faire à Briançon, par exemple, sur la question des migrants. Nous avons, en effet, pu soutenir et accompagner la communauté d’acteurs qui, dans les territoires, se mobilisent pour construire de nouvelles solutions innovantes socialement. Notre rôle est également de donner à voir les enjeux sur l’ensemble de ces questions afin de convaincre les politiques de mettre les droits humains au centre des dispositifs sociaux. Enfin, nous sommes également très attendus par nos partenaires à l’étranger sur la question de la laïcité et la manière de la mettre en œuvre concrètement. Nous devons donc continuer de nous réunir pour faire avancer le dialogue.
Vincent Bouba : 2022 doit être une année de débat qui nous permette de réaffirmer le rôle capital de l’école dans l’apprentissage du faire et du vivre-ensemble, et de continuer à travailler pour qu’elle reste un lieu de dialogue, un lieu apaisé, un lieu où les personnels pourront mener sereinement leur travail et où les élèves, citoyens de demain, pourront acquérir des connaissances pour développer des compétences leur permettant de devenir éduqués, éclairés et libres. L’ASL continuera donc de se mobiliser avec ses partenaires de Solidarité Laïque sur ces objectifs communs et amplifiera également ses actions et efforts sur son propre champ d’expertise. Nous lançons notamment une nouvelle série de podcasts faisant intervenir des experts : avocats, historiens, chercheurs en sciences de l’éducation, sociologues, etc., nous amenant à réfléchir autour de grands enjeux afin d’ouvrir notre champ de réflexion sur des sujets d’importance tels qu’« école et justice », « école et laïcité », « école et violence » ou encore « école et société ». Nous travaillerons également sur une enquête plus poussée sur le climat scolaire, le ressenti concernant les différentes situations rencontrées par la communauté éducative afin d’éclairer les futures politiques publiques pour qu’elles prennent mieux en compte les difficultés vécues sur le terrain.
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