Edito de Roland Berthilier : « Transmettre l’ESS, redonner du sens au temps long »

Edito de Roland BERTHILIER, Président de L’ESPER, pour la newsletter de L’ESPER d’Octobre 2015.

RB-miniature

« Il est donc temps aujourd’hui de donner toute sa place à l’éducation à l’économie sociale et solidaire. Il est temps pour les militants de l’ESS, les enseignants, les acteurs éducatifs, les élèves et les étudiants, les parents d’élèves, de se mobiliser massivement pour l’éducation à l’ESS. » – Manifeste de L’ESPER pour l’éducation à l’ESS, 22 mars 2012

En 2012, nous engagions L’ESPER dans un travail qui allait être long mais fructueux. Ce travail se poursuit encore aujourd’hui par la voix de nos organisations membres, de nos correspondants régionaux et de tous nos partenaires.
Nous présentions de nouveau notre vision de ce que devait être l’éducation ESS aux Ministères en 2013 et 2014 lors de l’élaboration, puis de la signature de nos accords-cadres nationaux.

C’est ainsi que nous la présentons désormais sur les territoires, aux acteurs institutionnels, économiques, éducatifs et aux jeunes eux-mêmes, aujourd’hui plus que jamais.

L’éducation à l’économie sociale et solidaire a-t-elle trouvé toute sa place sur les bancs de l’école et en dehors, dans le champ éducatif ? A cette question je répondrais que de très belles initiatives sont nées, ont émergé sur les territoires, que d’autres sont en devenir, et que notre travail reste un travail quotidien. Un travail qui revient à chacun d’entre nous.

Ce travail est encore le nôtre aujourd’hui car la transmission de ce qu’est notre modèle, de ce qu’est l’ESS, ne se fera pas en quelques mois. Elle se mesure, comme se mesure la politique, sur le temps long. Celui des générations qui rencontrent ou vivent l’ESS, puis grandissent et se l’approprie. Celui des décisions politiques qui accompagnent les acteurs de terrain sur beaucoup de territoires, et doivent encore être sollicitées sur bien d’autres encore. Celui encore qui n’est autre que l’opposé de l’économie libérale et du modèle dominant, imposant vitesse, et dogme du résultat, de la productivité.

Ce temps long, c’est celui de projets de terrains, de la volonté d’acteurs économiques et éducatifs, de rencontres pour lesquelles L’ESPER continuera à être et restera un « facilitateur ».

Ce temps long, c’est enfin celui de la transmission de nos valeurs, celles qui nous rassemblent. Je pense bien-sûr à l’égalité, la solidarité, la lucrativité limitée ou encore l’engagement, qui font échos à la fraternité, la citoyenneté, aux valeurs de notre République.

Ce temps long, je l’ai retrouvé avec plaisir lors de la signature le 14 octobre 2015 de notre tout premier accord-cadre régional de coopération pour l’éducation à l’ESS en région Bretagne.

J’étais fier d’avoir fait le déplacement, de passer le flambeau à ceux qui en région donneront vie et consistance aux accords nationaux que nous avions alors signés. Marie-Martine Lips, Présidente de la CRESS, le rappelait ce jour, cet accord n’est pas qu’un bout de papier, c’est un symbole, un acte fort, un instant institutionnel qui conforte l’avenir.

Notre travail est partagé, notre vision est commune. L’ESS n’est pas une discipline académique, mais une transmission de savoirs, une pratique pédagogique, une expérience de vie.

Par cet accord, les acteurs réunis consacrent les efforts déjà engagés au quotidien et leur donnent un cadre institutionnel, politique. Ils donnent un cadre nouveau à des projets souvent portés par les chefs d’établissements, par des enseignants moteurs dans leurs établissements, de femmes et d’hommes qui ont fait de la transmission leur combat et leur engagement. Ils montrent l’importance de la pratique, du vécu, dans les souvenirs et le parcours de vie d’un élève, donc dans la promotion et l’enseignement de l’ESS. Ils montrent, enfin, le rôle primordial des institutions politiques dans le soutien à l’émergence de ces milliers d’initiatives citoyennes. A quelques semaines maintenant des élections régionales de décembre, je pense notamment là aux Conseil régionaux qui, comme la Région Bretagne, s’engagent clairement aux côtés de l’ESS.

D’autres accords-cadres régionaux suivront. Je le souhaite, je l’espère, pour la transmission des valeurs qui sont celles de nos organisations, pour la promotion du modèle que nous partageons.

Je le disais en conclusion du Séminaire de rentrée de L’ESPER qui réunissait plus de 60 participants le 21 septembre dernier : « A nous tous désormais de nous retrousser les manches ».

A nous d’agir par la preuve.