Table ronde « Coopération et ESS »- Forum ESS de Niort – 20/10/2021

4 intervenant.e.s spécialistes de la coopération : Véronique Baraize, responsable de la pédagogie et de la formation à la Fédération Office Centrale de la Coopération à l’Ecole (OCCE), Loïc Pelletier, président de la Fédération Nationale des Coopératives de Consommateurs (FNCC), Georges Laumuno, président de la CRESS de Guadeloupe, Danièle Demoustier, maître de conférence honoraire sur l’ESS

Véronique Baraize a rappelé que l’éducation « à et par » la coopération et l’ESS a lieu à 3 niveaux :

  1. La coopération comme objet d’apprentissage : des pratiques de classe pour apprendre à s’engager, se responsabiliser, être autonome, prendre des habitudes démocratiques
  2. Des pédagogies coopératives : apprendre les maths ou le français hors compétition, où la réussite de chacun est affaire de tous => Les principes de l’ESS irriguent les pédagogies coopératives
  3. Les relations coopératives, partenariats : entre les élèves, les classes, les établissements, avec les familles, avec des structures de l’ESS

Loïc Pelletier a évoqué le rôle des entreprises coopératives dans la sensibilisation à la coopération et à l’ESS :

  1. L’éducation est au coeur du projet historique des coopératives de consommateurs : ex : Action Conso
  2. L’apport des nouvelles coopératives participatives : ex : supermarché coopératif La Cagette : découvrez l’étude de cas produite par le comité scientifique Ressourc’ESS de L’ESPER : cliquez ici
  3. L’intercoopération
  4. Le lien entre liberté et responsabilité

Georges Laumuno a insisté sur l’importance d’entreprendre en coopérant :

L’idée d’entreprendre en coopérant pourrait être considéré comme faisant partie de l’ADN des gens des chez nous…

D’où notre volonté d’investir le terrain en nouant des partenariats avec l’ESPER, l’OCCE et d’autres acteurs…

Nous ciblons les élèves avec une large utilisation des outils produits par l’ESPER et d’autres que les collaborateurs de la CRESS ont pu adapter.

Il y a une volonté localement de faire prendre en compte la nécessaire montée en compétence des acteurs de l’ESS sur ce sujet.

Danièle Demoustier a évoqué les enjeux de l’apprentissage de l’ESS par la coopération dans le secondaire et à l’Université :

Comment s’initier à la réalité de l’ESS, comme économie collective, par des modes coopératifs alors que l’enseignement est principalement basé sur la transmission de programmes pré établis ?

Selon Henri Desroche, fondateur des Collèges coopératifs et de l’UCE, la pédagogie coopérative est une philosophie de l’éducation au service d’un projet d’émancipation et de transformation sociale. Elle est basée sur une interaction entre action et réflexion, pratique et théorie. Elle considère la personne comme sujet de son histoire, acteur de sa formation. Le  formateur est « un facilitateur d’apprentissages » : il facilite l’accès aux connaissances, la mutualisation des différents savoirs ; il est lui -même en position d’apprenant.

En résumé, « la pédagogie coopérative ne se limite pas à un discours sur la coopération mais c’est un parcours en coopération ».

C’est cela qui inspire la construction d’outils pédagogiques sur l’ESS aussi bien à l’ESPER pour les élèves du secondaire (collèges, lycées) que dans les Universités avec les étudiants :

  1. Le comité scientifique Ressourc’ESS de L’ESPER intègre les démarches participatives (mises en situation, jeux de rôle, production collective) dans l’approche des connaissances sur l’ESS, notamment par rapport :
  • à l’histoire de l’ESS comme histoire de constructions collectives pour répondre à des besoins et aspirations sociales dans des contextes en transformation (fiches, quizz, chrono’ESS). A partir de connaissances, les élèves sont amenés à élaborer des productions collectives pour échanger et transmettre avec leurs pairs ;
  • à des modes d’organisations articulant l’individuel et le collectif à travers des études de cas posant notamment les questions de gouvernance (formes de démocratie) : Mutuelle des Motards, Supermarché coopératif La Cagette, Association Le GCU, l’ECJ Métroloco (en cours). A travers des jeux de rôle, les élèves sont mis en situation de répondre collectivement (organisation de Conseil d’Administration fictif, par exemple) à des problématiques réelles.

Retrouvez tous les outils sur cette page : https://lesper.fr/ressourcess/

2. A l’Université, de nombreux licences et master sur l’ESS (réunis dans le RIUESS) cherchent aussi à diffuser une pédagogie coopérative, plus ou moins inspirée des colleges coopératifs des années 1960. Importance de savoirs partagés d’autant que les étudiants sont de plus en plus mis en situation professionnelle par l’alternance, des stages ou des projets tutorés.

Une expérience particulière mérite d’être soulignée : celle des coopératives étudiantes. Alors que la gestion coopérative de services étudiants (photocopies, librairies, restauration) apparue dès les années 1930 (peu après la naissance de l’OCCE) a beaucoup diminué, de nouvelles coopératives ont émergé pour expérimenter l’entrepreneuriat coopératif (SCIC B323 à Poitiers, UniverSCIC à Montpellier, Coop’Apprendre à Paris Marne la Vallée) ; le service d’orientation universitaire de Paris 8, a pris l’initiative de créer une coopérative éphémère d’insertion professionnelle des étudiants en s’inspirant des coopératives jeunesse qui regroupent des jeunes qui organisent collectivement leurs jobs d’été.

On voit ainsi se construire un réel continuum (pas encore un parcours!) qui relie la coopération à l’école, mon ESS à l’école, des enseignements coopératifs, des CJS, des coopératives étudiantes pour encourager les comportements coopératifs, former les « nouveaux coopérateurs »  (pour rappel, c’était le but de la FNCC quand elle a encouragé la création de l’OCCE il y a plus d’un siècle !).

Merci à tous les intervenant.e.s et participant.e.s !